Notre histoire
Si le Scoutisme français n'a été créé qu'en 1940 sous la forme d'une fédération, il est l'héritier d'une riche histoire qui commence bien avant sa formation.
Le scoutisme en France avant le Scoutisme Français
Le Bureau interfédéral du scoutisme (BIF) créé en 1923 regroupe les Scouts de France (SDF), les Éclaireurs de France(EDF), les Éclaireurs unionistes de France (EUF) et à partir de 1938, les Éclaireurs israélites de France (EIF). Il n’est qu’un organe de liaison sans pouvoir de décision. Celles qu’il prend doivent être ratifiées par le comité directeur de chacune de ses associations membre. Et sa présidence confiée à l’une de ses associations membres change tous les ans. Le BIF est animé de 1923 à 1938 par Henri Guerreau, son secrétaire général. Le maréchal Lyautey est son président d’honneur de 1928 à 1934. Concrètement, le BIF organise la représentation de la France au sein du Bureau international du scoutisme et lors des jamborees mondiaux, accueille les délégations de scouts étrangers en visite en France, négocie des réductions lors des voyages en chemins de fer avec les différentes compagnies ferroviaires, la SNCF n’étant créée qu’en 1937.
Les deux associations féminines de scoutisme, la Fédération française des éclaireuses (FFE) et les Guides de France (GDF), se retrouvent, elles, au sein d’un Comité de coordination éclaireuses-guides fondé en 1931. Ses missions sont dans le même esprit que celles du BIF : représentation de la France au sein de l’Association mondiale des guides et éclaireuses et lors des conférences internationales.
BIF et Comité de coordination se retrouvent pour des campagnes communes, autour de la santé et de l’hygiène en 1934 ou la mise au point sur une réglementation commune des camps en matière d’hygiène en 1937. L’exposition universelle à Paris cette année-là est l’occasion pour le BIF, les Éclaireurs israélites et le Comité de coordination éclaireuses-guides de présenter un pavillon du scoutisme français aux visiteurs. Enfin, EUF et EDF organisent en commun la formation de leur cadre au château de Cappy dans l’Oise. Ce château a été offert au BIF par le Comité américain des régions dévastées en 1924.
Les associations du BIF et du Comité de coordination éclaireuses-guides jouent un rôle de premier plan dès le début de la seconde guerre mondiales dans l’accueil et l’hébergement des réfugiés. Leur action est telle que le ministre de l’éducation nationale dégage en mai 1940 scouts et guides engagés aux côtés des réfugiés de l’obligation scolaire !
Le Scoutisme Français et la Seconde Guerre mondiale
Fondé au camp de l’Oradou qui se tient en septembre 1940, le Scoutisme français (SF) est une fédération d’associations présidée par le général Lafont. Il uniformise les systèmes d’insignes des associations, les épreuves des classes et des brevets, les appellations, organise des stages de formation commun en matière technique, des manifestations publiques communes, les Saint-Georges, créé des unités regroupant les jeunes de ses différentes associations, les unités interfédérales qui seront actives dans les camps de prisonniers de guerre en Allemagne. La Charte de l’Oradou définit ses valeurs et son projet.
Le Scoutisme français est confronté aux graves problèmes liés à l‘occupation allemande des deux tiers du pays et à la politique du maréchal Pétain. Le Scoutisme français entre en conflit avec le gouvernement sur deux questions essentielles, sa politique antisémite et son projet de mouvement de jeunesse unique.
La politique antisémite conduit à la dissolution de toutes les associations juives, dont à celle des Éclaireurs israélites de France le 23 mars 1942. Mais le Scoutisme français décide de permettre le fonctionnement des EIF sous son couvert. Cette situation est dénoncée par les partis collaborationnistes qui l’attaquent vivement en exigeant l’exclusion des EIF du SF et leur interdiction définitive. Le 5 janvier 1943, ceux-ci sont définitivement interdits malgré les interventions du SF. Les EIF entrent dans la clandestinité en organisant des filières d’évasion d’enfants vers la Suisse et en rejoignant les maquis.
D’autre part, Le Scoutisme français critique vivement le projet de création des Équipes nationales lancé à l’été 1942 destiné à absorber les mouvements existant impulsé par les éléments fascistes du secrétariat général à la jeunesse. Le général Lafont dénonce « une inspiration étrangère ». Face à cette opposition et à celles des églises catholique et protestante, le gouvernement finira par reculer. Les Équipes nationales n’existeront que sur la base du volontariat.
A Londres, la France libre créé dès 1940 son propre mouvement scout, les Éclaireurs français en Grande-Bretagne (EFGB) dont le général de Gaulle est président d’honneur. En mars 1943, les EFGB fusionne avec les associations scoutes des territoires contrôlés par la France libre en Afrique pour créer la Fédération du scoutisme français-Organe provisoire de liaison (FSF-OPL) que dirige le général Sicé. La FSF-OPL prévoit de se fondre au sein du Scoutisme français dès que la France sera libérée.
Au printemps de 1943, le SF accepte de rencontrer un émissaire clandestin envoyé par la France libre. Celui-ci souhaite voir l’aide que les mouvements de jeunesse peuvent apporter à la Résistance.
Parallèlement, en Algérie, libérée depuis le débarquement allié de novembre 1942, le Scoutisme français prépare l’après-guerre. Pierre de Chelle, son responsable local, prend en juillet 1943 la direction des services de la jeunesse du gouvernement provisoire de la République française. Il joue un rôle de premier plan dans la rédaction de l’ordonnance du 2 octobre 1943, texte qui définit les relations entre l’État et les mouvements de jeunes et qui va inspirer la politique jeunesse pendant des dizaines d’années.
Après les débarquement alliés du 6 juin 1944 en Normandie et du 15 août 1944 en Provence, nombre de cheftaines et de chefs des associations du SF s’engagent dans l’armée française pour participer aux combats pour la libération du pays. Ils créent des clans de routiers et de guides aînées aux armées qui regroupent 2 000 jeunes.
Le 22 avril 1945, quelques jours avant la fin de la seconde guerre mondiale, le Scoutisme français donne une preuve éclatante de sa vitalité malgré quatre années d’occupation. 40 000 jeunes de ses associations membres défilent sur les Champs-Élysées en présence de lady Baden-Powell et du général Lafont.
La volonté de rapprochement des associations manifestée par le charte de l’Oradou conduit le général Lafont à proposer à l’assemblée générale 1943 du SF l’adoption d’une loi scoute commune. Après de nombreuses discussions, le projet de texte adopté par plusieurs associations du SF est rejeté fin 1945 rejeté par les Scouts de France au motif que « son niveau spirituel ne correspondait pas au but du scoutisme catholique ».
Le SF devient à la Libération un partenaire de premier plan des politiques publiques. Ses représentants siègent dans de nombreuses commissions et groupes de travail. C’est à ce que sont adoptés des textes importants concernant la jeunesse :ordonnance du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante qui privilégie la dimension éducative à la dimension répressive, la loi du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. En octobre 1948, le SF est reconnu d’utilité publique. En 1955, il participe à la commission Armée-Jeunesse qui vient de se créer.
Le SF est aussi un acteur important du monde associatif. Il participe dès 1942 au Conseil privé des grands mouvements qui s’oppose aux projets du gouvernement de Vichy sur la jeunesse unique. Il sera ensuite membre fondateur du GEROJEP (Groupe d'études et de rencontres des organisations de jeunesse et d'éducation populaire) en 1958 puis du CNAJEP (Conseil national des associations de jeunesse et d’éducation populaire) en 1968.
L’après-guerre voit le SF intervenir dans de nouveaux champs très divers : l’éducation spécialisée, le vol à voile, le chant choral, l’accueil d’éclaireuses étrangères, les anciens du scoutisme.
Dès la fin 1944, débutent les conférences du Méridien, le foyer universitaire du Scoutisme français à Paris. Ce foyer qui regroupait des étudiants parisiens des six associations du SF organisa jusqu’en 1959 des cycles de conférences sur l’enfance délinquante. Celles-ci se prolongèrent par la lancement de stages à Marly-le-Roi puis à Jambville destinés aux cheftaines, chefs et éducateurs s’intéressant aux questions de l’enfance inadaptée. La profession d’éducateur spécialisée nait de ces initiatives.
De 1945 à 1967, l’Aéro club du Scoutisme français permet à de nombreux jeunes de ses associations de pratiquer le vol à voile à partir de son terrain de Chérence dans les Yvelines.
De 1944 à 1967, la Chorale fédérale du Scoutisme français va constituer un ensemble vocal de grande qualité qui enregistrera une dizaine de disques chez les plus grands éditeurs.
De 1950 à 1975, le Foyer international du scoutisme féminin français (FFE-GDF) fonctionna à Paris. Il était destiné à accueillir les éclaireuses du monde entier de passage à Paris.
En 1958, la Fédération des associations d’anciens du Scoutisme français (FAAS) est fondée. Elle existe toujours.
En août 1947, la France accueille le 6° jamboree mondial à Moisson dans les Yvelines. Il sera un immense succès. C’est la première manifestation internationale organisée par le SF.
Le général Lafont quitte la présidence du SF en avril 1948. Son départ, qui fait suite à sa prise de position en faveur de la libération du maréchal Pétain, ouvre une période de fonctionnement fédéral beaucoup moins intense. Le SF revient de fait à une juxtaposition des associations.
Le Scoutisme Français accompagne les évolutions de la société française
EDF, EUF et EUF font le choix de la mixité garçons-filles au début des années 1960. La Fédération française des éclaireuses disparait en 1964, chacune de ses sections fusionnant avec l’association masculine homologue. Les Éclaireuses et éclaireurs de France (EEDF) naissent en 1964, les Éclaireuses et éclaireurs israélites de France (EEIF) en 1969, la Fédération des éclaireuses et éclaireurs unionistes (FEEUF) en 1972. Seuls les SDF et GDF restent séparés jusqu’en 2004, date de leur fusion et de la fondation des Scouts et Guides de France (SGDF).
Le SF devient aussi un acteur important de la formation des cadres de ses associations.
Les années 1990-2000 voient la composition du Scoutisme français évoluer. En 1994, les Scouts musulmans de France (SMF), fondés en 1990, entrent au Scoutisme français. En 2017, les Éclaireurs de la Nature (ELDN), association se situant dans la tradition bouddhiste, en deviennent aussi membres. Les opérations Vis mon camp et Rencontres scoutes permettent de rencontrer des scouts d’autres cultures ou d’autres religions.